Stéphane Chalmeau

Auteur d’une exposition de portraits photographiques pendant ses études d’architecture à Nantes, Stéphane Chalmeau postule à AIA (Architectes Ingénieurs Associés) une fois diplômé. Mais c’est en tant que photographe que l’agence lui propose une mission, pour réaliser les portraits de ses 200 collaborateurs sur leurs lieux de travail – un imprévu qui orientera durablement sa trajectoire professionnelle du côté de l’image.

Une photographie d’architecture habitée et conceptualisée
Pionnier dans les années 2000 de la photographie d’architecture à l’appareil photo réflex numérique avec optique à décentrement, Stéphane Chalmeau s’est pourtant remis à la chambre – compacte et numérique – il y a cinq ans. Il s’agit pour lui de résister à une standardisation de l’image, qui résulte de l’utilisation des mêmes capteurs et des mêmes logiciels de traitement de l’image par les photographes d’architecture. Mais pour lui, le débat sur le matériel élude les vraies questions, qui concernent davantage les choix du photographe et sa conception même de la photographie d’architecture : il donne l’exemple d’Iwan Baan, photographe néerlandais qui a véritablement déclenché une nouvelle image – habitée et conceptualisée – de l’architecture, faisant vaciller le standard du bâtiment inhabité, photographié la veille de sa réception. Pour Stéphane Chalmeau, le bon moment pour photographier un projet est multiple : c’est la fin du chantier, puis quelques mois après, lorsque les lieux commencent à être occupés. La photographie d’architecture se nourrit alors de situations particulières et de moments éphémères, que ce soit une étape du chantier ou la tombée de la nuit et ses ciels violacés, qu’il affectionne particulièrement.

Un photographe engagé
En tant qu’architecte de formation, Stéphane Chalmeau est très attentif à l’usage des bâtiments ainsi qu’à la qualité des espaces, ce qui le conduit parfois à être très critique à l’égard de ce qu’il juge comme un appauvrissement des programmes de logements à l’heure actuelle. Très actif sur Twitter, il se dit volontiers militant, s’engageant pour des architectes dont le travail mérite l’attention de la presse. Il n’hésite pas à donner son avis et regrette le propos trop souvent descriptif et pas assez critique d’une certaine presse spécialisée. Face à l’apparition des blogs d’architecture comme ArchDaily, il met en garde contre le danger que représente ce bouleversement du paysage éditorial, alliant l’accumulation massive et indifférenciée des projets publiés et une politique de non-rémunération des photographes.

Portrait de Marie-Madeleine OZDOBA extrait du magazine d’A.